La peur de grossir lors de l’arrêt du tabac : comprendre et agir

Anne-Laure Sanjullian

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Arrêter de fumer est une décision précieuse pour sa santé, mais elle s’accompagne souvent d’une crainte : « Vais-je prendre du poids ? ». Cette peur est l’un des freins majeurs à l’arrêt du tabac, surtout chez les personnes déjà préoccupées par leur silhouette. Bonne nouvelle : comprendre ce qui se joue et agir en douceur permet de limiter la prise de poids et d’éviter que l’alimentation devienne un nouveau terrain de lutte.

Pourquoi l’arrêt du tabac peut-il entraîner une prise de poids ?
  1. Le métabolisme ralentit légèrement
    La nicotine augmente la dépense énergétique au repos. Quand on arrête de fumer, le corps consomme un peu moins de calories. La différence est modeste (environ 200 kcal par jour), mais cumulée, elle peut favoriser une légère prise de poids.

  2. Les sensations orales et gestuelles manquent
    Fumer occupe la bouche et les mains. Sans la cigarette, certains se tournent naturellement vers la nourriture pour compenser.

  3. Les goûts et l’odorat reviennent
    La nourriture redevient plus savoureuse, et le plaisir de manger est décuplé.

  4. Les émotions cherchent une nouvelle issue
    Le tabac servait parfois de régulateur face au stress, à l’ennui ou aux émotions. L’alimentation peut alors prendre le relais.

La peur de grossir : un frein puissant

Cette inquiétude peut :

  • retarder la décision d’arrêter,

  • générer de la culpabilité dès les premiers kilos repris,

  • déclencher des comportements restrictifs, qui favorisent ensuite les compulsions alimentaires.

Ce cercle vicieux peut rendre l’arrêt plus difficile, voire provoquer une rechute.

Comment limiter la prise de poids sans tomber dans les restrictions ?

1. Se préparer en amont

Anticiper les changements permet de mieux les accueillir :

  • Comprendre que quelques kilos pris sont parfois une étape transitoire.

  • Se fixer des objectifs réalistes : la priorité est d’arrêter le tabac, la stabilisation du poids vient ensuite.

2. Travailler sur les sensations alimentaires
  • Écouter sa faim et sa satiété.

  • Apprendre à distinguer les envies de manger liées aux émotions ou à l’habitude de fumer.

3. Trouver des substituts adaptés
  • Occuper ses mains (bouteille d’eau, balle anti-stress, dessin…).

  • Stimuler sa bouche autrement (infusions, chewing-gums sans sucre, aliments croquants comme les bâtonnets de légumes).

4. Bouger régulièrement

L’activité physique aide à compenser la baisse du métabolisme, réduit le stress et améliore le moral. Inutile de se lancer dans un sport intensif : marcher chaque jour est déjà bénéfique.

5. Apaiser les émotions autrement

Respiration, relaxation, méditation, écriture, ou encore activités créatives peuvent devenir de nouvelles ressources.

6. Changer de regard sur son corps

Accepter une éventuelle variation de poids comme un ajustement temporaire peut réduire l’angoisse. Le corps retrouve progressivement son équilibre sans tabac.

Conclusion

La peur de grossir est légitime mais ne doit pas empêcher d’arrêter de fumer. Avec un accompagnement adapté, il est possible de préserver son poids tout en libérant son corps de la cigarette. La clé réside dans l’écoute de soi, la bienveillance et la mise en place de nouveaux repères alimentaires et émotionnels.

Se faire accompagner par un(e) diététicien(ne) spécialisé(e) en approche psycho-comportementale peut être une aide précieuse pour traverser cette étape sereinement et durablement.